Le communisme est un type de société sans classe sociale, sans frontière et sans Etat, fondée sur la possession commune des moyens de production, et sur une organisation du travail libérée du salariat et du système « dominants/dominés ».
Cela fait quelques années que je remarque des parallèles intéressants entre le communisme et ce qu’il se passe sur Internet. Plus je creuse, plus je trouve les similarités étonnamment proches, plus je me dis qu’Internet est la première expérience réellement communiste (les révolutions russes et chinoises ne pouvant pas réellement être prises comme tel car elles leurs manquaient (entre autres) un des fondamentaux de Marx pour l’avènement d’un communisme : être déjà une société post-industrielle).
Quand on regarde Internet, c’est un monde sans classe sociale, sans frontière et sans Etat, elle est basée sur un réseau qui appartient à tout le monde, où l’Open Source fait voler en éclats le travail salarié, où les aspects dominants/dominés n’existent plus : de simple individus (Snowden) ou associations (Wikileaks) peuvent contrevenir à la politique des Etats eux même.
Plus étonnant, quand on se penche sur certains aspects décrits dans le Manifeste du Parti Communiste, on peut y lire :
Le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise. Le communisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier des produits sociaux ; il n’ôte que le pouvoir d’asservir à l’aide de cette appropriation le travail d’autrui.
Si on remplace communisme par Internet, et qu’on remplace la bourgeoisie par les Majors, on se trouve avec une illustration étonnamment contemporaine pour un texte de 1848.
En musique, les Majors détenaient l’outil de production, de leur position ils décidaient de ce qui devait être produit de ce qui ne le devait pas, leur donnant un indéniable pouvoir d’asservissement via leur appropriation du travail des artistes.
Vous allez me dire que le problème des Majors ne se limite pas au changement des moyens de diffusions, mais aussi aux histoire de respect du « droit d’auteur » qu’on amené le piratage.
Justement.
Si on regarde un peu certaines théories anarcho-communiste, Pierre Kropotkine (1842 – 1921) vois :
la société communiste comme un système fondé sur l’entraide, où les communautés humaines fonctionneraient à la manière de groupes d’égaux ignorant toute notion de frontière. Les lois deviendraient inutiles car la protection de la propriété perdrait son sens et la répartition des biens serait, après expropriation des richesses et mise en commun des moyens de production.
Quand on vois le fonctionnement des communautés du net, le Creative Common, le Copy left, et toutes les remises en questions de la manière d’envisager la propriété intellectuelle au sein d’Internet, difficile de ne pas voir des similitudes étonnamment fortes.
L’histoire semble finalement donner raison à Marx, dans une société post-industrielle (après le déploiement du réseau structurel d’Internet dans notre cas), le prolétariat s’est emparé de l’outil de production, déboulonnant les vielles notions d’Etat, de frontières, et de droit de protection intellectuelle au passage.
ACTA, Hadopi, et autres attaques à nos libertés individuelles sont elles les conséquences d’une nouvelle lutte des classes se déroulant maintenant sous nos yeux ?