Snow And oxygen

Il avait neigé. Je n’étais presque pas sorti de la journée et les quelques minutes dans le froid m’avaient montré à quel point j’étouffais. Que j’étouffais et éprouvais le besoin de marcher. Dans le froid.

J’ai ressorti de mon armoire mes chaussures de marche, celles qui me servent épisodiquement en hiver, depuis des années. Qui ont connues la neige de Stockholm, Malmö et Kalmar, non loin de Nybro ; ville Suédoise où j’aurai passé plus d’une semaine à découvrir les gens, la culture et le calme de là bas. Qui auront aussi foulés la glace de Copenhague, les sommets des alpes Française en été, et le sol décrépis des quelques usines et sanatoriums désaffectés que j’ai eu le loisir de visiter.
Mon écharpe, ma veste en cuir, mes gants et me voilà dehors, entre chien et loup.

Couleurs. Choc.

A la tombée de la nuit, la neige deviens bleu. Un bleu céruléum très clair tendant progressivement vers le prussien. Je marche le long d’un trottoir, les trottoirs d’ici, tout comme ceux des banlieues riches américaines, sont décalés du bord de la route, entre cinq et dix mètres de large, parfois flanqué d’une ou deux rangées d’arbres et de buissons.
Une fenêtre sur le réel. Un carré blanc qui se dévoile entre les branches. C’est l’unique ouverture du petit supermarché. Deux portes battantes en plexiglas. Dedans, les clients, les rayonnages et les affiches. Mouvant et statique. Le tout baigné d’une lumière artificielle blanche et dure. Un carré de réel cru dans un environnent bleu, calme et paisible. Sublime contraste.

Quelques mètres, et je vois apparaitre à coté de la supérette, encore une fois durement éclairé par de l’éclairage au néon blanc, le passage souterrain permettant aux passants de traverser la voie rapide. Le passage n’est pas gris, ni blanc, mais coloré de courbes, de lettres. De cette calligraphie urbaine que j’ai toujours tellement aimé. De ce goût prononcé qui me fera passer pour un ver de bibliothèque au collège quand j’avais des plumes et des encriers dans mon sac, et qui me fera passer pour un voyou au lycée quand je transporterai alors marqueurs pointe large et cylindres Montanas. Les gens sont superficiels.

Un peu plus loin, les arbustes disparaissent, laissant le champ libre sur la rue sinueuse plantée de réverbères à lumière jaune. Lumière qui se diffuse dans l’espace et forme des ronds oranges et lumineux à leurs bases, qui s’élargissent et se mêlent progressivement au bleu ambiant en passant pas les gradients violets.
Ces points chauds qui ponctuellement réchauffent l’environnement et l’architecture. Lui donne des points d’attractions visuelles. Et me donne beaucoup à admirer. Marchant.

Mes mains sont déjà gelées. La lumière, la couleur et le froid.
Le manque aussi. Le manque de celle avec qui j’aurai voulu partager tout cela.
Je respire et regarde autour de moi. Une heure en tout.
Si peu et tellement plus en même temps.

About Nicolas Constant