Montréal est connu pour son festival annuel sur le graffiti : Under Pressure. Chaque année depuis vingt ans, les murs sont repeins en noir et de nombreux graffeurs viennent du monde entier pour la nouvelle métamorphose.
Treize ans déjà que je connais le festival de réputation. Depuis que je suis ici, j’ai toujours fait en sorte d’y faire un tour quand cela était possible. Le temps d’un week-end, ça sent la peinture et l’aérosol dans le centre-ville !
Avec une telle ancienneté, le festival peut se targuer d’être un des plus importants évènements de promotions du graffiti au monde, et tout cela ne durant que le temps d’un gros week-end en été, il y a quelques années une nouvelle activité qui resterait ouverte toute l’année a été lancée : la galerie Fresh Paint.
Loin d’une galerie traditionnelle où les artistes ne font que passer pour déposer les toiles, ici ils interviennent, s’investissent et transforment l’espace qui leur est dédié : murs, plafonds, sols, que ça soit installation, aérosol, collage, ready-made, marqueur ou rouleau, ils créent sur place et feront dans l’éphémère.
Espace atypique par définition, le lieu est une reconversion d’un espace vacant : un appartement vide et inutilisé de la rue Sainte Catherine Est, transformé en lieu d’exposition, de création et d’échange. Les artistes travaillant en même temps que les visiteurs découvrent les lieux.
La barrière de la sacralisation de l’artiste retombe une nouvelle fois, un siècle après les Dada.
Depuis Septembre je suis devenu un des bénévoles de l’étonnante équipe gérant la joyeuse désorganisation ordonnée du tout.
Définitivement Montréalais, le bilinguisme est plus que jamais d’actualité, ça parle Français, ça réponds en Anglais, et on continu en mélangeant les deux, dans des discours qui parfois feraient penser qu’il s’agirait d’une seule et même langue.
L’éclectisme général de la galerie laisse rêveur, tant chez les organisateurs que chez les visiteurs.
Je me souviens notamment de cette mère, accompagnée de ses trois filles, allant d’environs 8 ans à 15 ans. Elle était visiblement montée poussée par ces dernières, et avec le regard suspicieux, tout en balayant les murs, me demande s’il y a du contenu inadapté aux enfants (pas sûr qu’elle aurait posé la même question à l’entrée du Musée d’Orsay…), je réponds grand sourire par la négative, elle se tourne vers ses filles et leur demande, interdite, « Etes-vous sûres que vous voulez voir ça ? ». La plus grande ne réponds rien, continuant de regarder les alentours avec circonspection, la moyenne réponds d’un oui timide de la tête tandis que la plus jeune sautille en s’exclamant « Oh oui maman ! ».
J’ai aussi vu des couples de plus de 60 ans ayant très clairement moins d’aprioris et rentrer dans la galerie avec l’assurance de ceux qui côtoient régulièrement les salles d’art. Et où finalement, comme si cela coulait de source, me posaient directement des questions sur les rotations des salles, des artistes et du processus de création lui-même.
Aussi, depuis quelques semaines, Fresh Paint a ouvert une nouvelle galerie en face de la première, au niveau de la rue cette fois. Plus classique dans sa présentation, elle permettra sans doute d’attirer plus facilement les visiteurs, qu’on pourra ensuite rediriger vers l’ancienne.
Beaucoup de choses se préparent pour 2015. Et j’ai hâte de voir comment tout cela va évoluer.
Site Web de Fresh Paint : http://www.freshpaintgallery.ca
Site Web d’Under Pressure : http://underpressure.ca